Interview de Luc HOUARD, directeur de Prosoleil à Saint-Louis, la première entreprise sénégalaise de fabrication d'appareils solaires thermiques.
Quelles sont les utilisations du solaire au Sénégal ? Est-ce à la portée de toutes les bourses ? Est-ce une énergie d'avenir et cela fonctionne t'il réellement ? Quelles économies en attendre ? Autant de questions auxquelles répond précisément pour Senegalaisement.com Luc Houard (photo à droite) acteur depuis plusieurs années du developpement du solaire au Sénégal et directeur de la première entreprise de construction d'appareils thermiques solaires en Afrique de l'Ouest.
aSaintLouis.com
: Bonjour Luc. La Sénélec déleste
tant qu’elle risque bientôt de se
retrouver dans l’espace. L’énergie
solaire permet-elle de s’affranchir à
100% de la dépendance vis-à-vis
de la Sénélec ?
LH : Oui dans la théorie, mais dans
la pratique cela reste bien souvent irréalisable
que ce soit pour une structure hôtelière,
industrielle, commerciale ou pour le simple privé.
Il faudrait pour cela investir des sommes d’argent
considérables.
aSaintLouis.com : L’énergie
solaire est-elle une solution de brousse ou les
urbains ont-ils également intérêt
à y réfléchir ?
LH : Tout d’abord l’énergie
solaire doit être divisée en deux
grandes catégories : le solaire thermique
et le solaire photovoltaïque
Le solaire thermique est constitué :
- Des chauffes-eau solaires sanitaires, des réchauffeurs
de piscine, et de différents réchauffeurs
industriels ou semi-industriels.
- Des climatiseurs et autres appareils faisant
de l’air froid.
- Des réfrigérateurs et chambres
froides.
Le solaire
thermique est très économique
au point de vue rendement : sur un 1m² de
surface pris au niveau du sol terrestre on devrait
pouvoir récupérer environ 1000W
d’énergie. Mais ce serait sans compter
les pertes dues au rendement négatif des
appareils de récupération de cette
même énergie.
Le solaire thermique peut récupérer
dans certains cas environ 900 W soit un rendement
de 90%. Dans la plupart des cas le rendement moyen
tourne environ à 65% soit donc 650 W .
En règle générale, particulièrement
en Afrique, il est plus aisé de faire du
chaud que de faire du froid, toutefois cela reste
réalisable à des prix, certes un
peu élevés, mais avec des appareils
à durée de vie très longue
sans panne ni entretien. Certains réfrigérateurs
solaires thermiques (je précise thermique
car on peut trouver sous l’appellation "réfrigérateur
solaire" des appareils électriques
à faible consommation bien adaptés
à l’énergie solaire électrique
dite communément photovoltaïque)
fonctionnent depuis plus de 20 ans sans aucune
panne.
Le solaire thermique reste par rapport à
son cousin le solaire électrique moins
onéreux, particulièrement au niveau
des chauffes-eau solaires sanitaires.
La
deuxième grande branche du solaire est
le solaire électrique « le générateur
photovoltaïque » communément
dénommé module solaire ou panneau
solaire ou solaire électrique.
Ces appareillages ont de très mauvais rendements.
Toujours en partant d’1m² au sol et
donc de 1000W apportés par notre astre
préféré et indispensable,
le photovoltaïque ne récupère
en moyenne que 15 % de l’énergie
soit 150 W (en laboratoire certains appareils
vont un peu plus loin avec un rendement de l’ordre
de 25%)
Ce type d’appareil est le plus connu en Afrique et également le plus demandé mais aussi le plus cher et le plus fragile. Il est constitué du panneau solaire, la base du système, d’un régulateur de charge, indispensable pour le bon fonctionnement de l’installation, et le plus souvent de batteries dites "accumulateurs électriques" et selon le besoin du client d’un onduleur pour remonter le 12 V en 230 V et passer d’un système courant continu (12V ou 24V) en courant alternatif (le plus souvent 230V).
Dans cette branche nous pouvons trouver :
- Le pompage solaire : une pompe fonctionnant
en 12 ou 230 volts alimentée par des panneaux
solaires avec ou sans batteries électriques.
- L’électrification d’appareils
ménagers, industriels ou commerciaux, le
froid, le luminaire ou l'outillage électrique.
Par contre on ne cherche pas à réchauffer
de l’eau avec ce type d’installation
: cela serait très peu économique.
Pour revenir à la question du départ, le solaire thermique est financièrement parlant rentable dans les villes, le solaire électrique ne l’est pas face au prix du KW/h de la Sénélec. Par contre si le client de la Sénélec est obligé, suite à des coupures ou délestage, pour continuer à travailler ou vivre décemment, d’utiliser un groupe électrogène, face à ce dernier le photovoltaïque est rentable sur de longues périodes.
aSaintLouis.com : La tension de sortie de 12v en continu ne permet à priori pas d’utiliser le solaire avec des appareils classiques conçus pour du 220v en alternatif. Concrètement, que faut-il prévoir comme appareils compatibles pour utiliser le solaire au Sénégal ?
LH : L’appareil nécessaire pour passer du 12 V ou 24 V du continu en 230 V alternatif est un onduleur. Il transforme le courant continu en courant alternatif. Il doit être de bonne qualité particulièrement en cas d’utilisation d’appareils électroniques. Il doit sortir un voltage régulier et surtout une fréquence régulière de 50Hz. Il doit être économe car il consomme lui même de l’énergie. Beaucoup d’onduleurs sur le marché ont des rendements tellement faibles qu’il serait parfois nécessaire d’augmenter le nombre de modules photovoltaïques juste pour compenser ces pertes ! Ces appareils ont une tendance à monter en température et donc à évacuer de l’énergie non pas en électricité mais thermiquement (ne pensez tout de même pas que l’on peut en profiter pour faire cuire le thieb sur l’onduleur l’idée serait amusante mais…).
aSaintLouis.com : Un foyer moyen sénégalais, ou un petit hôtel en ville ou en brousse, équipé de quelques ampoules basse-consommation, d’un téléviseur et d’un frigo peut-il sérieusement envisager un passage au solaire ou cela ne concerne t’il que les foyers qui n'utilisent l’électricité que comme source de lumière ?
LH : Oui tout a fait, en restant raisonnable dans sa consommation d’énergie, un petit hôtel, voir même un grand hôtel peut utiliser du photovoltaïque et ceci en faisant de grandes économies face à un groupe électrogène. Ces groupes coûtent cher à l’achat. Ils ont également besoin d’un entretien régulier. Ils sont bruyants et consomment du carburant. Certains hôtels ont des groupes de récupération complètement disproportionnés en puissance ou en dessous de leurs besoins réels ce qui détériore rapidement l’appareil et provoque une consommation de carburant considérable. De toute façon le photovoltaïque est très économique face à un groupe électrogène. Le seul problème c’est que l’investissement de départ est souvent plus élevé même si le retour sur investissement peut être très rapide (moins de 2 ans).
aSaintLouis.com : On sait que le courant fourni au Sénégal abîme les matériels électriques et électroniques du fait de fréquentes surtensions constatées sur le réseau. Concernant le matériel informatique, son utilisation dans de bonnes conditions de sécurité nécessite un onduleur. L’énergie solaire permet-elle de palier à ce type d’investissement ? Les matériels alimentés par l’énergie solaire ont-ils ainsi une plus grande durée de vie ?
LH : Oui l’utilisation de l’énergie solaire augmente considérablement la durée de vie de tous les appareils d’énergie particulièrement les appareils utilisant de l’électronique. C'est le cas de la plupart des appareils électriques de nos jours. Les lampes économiques utilisent également de l’électronique et c’est entre autres pour cela que leur durée de vie au Sénégal est très courte. Pour une lampe économique de bonne marque et de bonne fabrication venant d’Europe, la durée de vie garantie constructeur est de 5 à 8 ans. Sa durée durée de vie au Sénégal n'excède pas quelques mois. Quand on voit le prix de ces ampoules économiques, cela fait un peu mal au porte-monnaie.
Photo à droite : l'équipe de ProSoleil au Sénégal
aSaintLouis.com : Les Sénégalais ont pu voir il y a déjà quelques années des expériences de solaire à droite à gauche. C’est par exemple le cas de certains villages du Niokolo Koba où l’éclairage public par plaques solaires a été financé par l’UNESCO il y a 8 ans. Tous ces éclairages publics sont très rapidement tombés en panne pour une raison inconnue des populations qui en outre ne maîtrisent pas assez cette technologie pour se lancer le bricolage. La durée de vie des plaques solaires et des batteries associées s’est-elle aujourd’hui améliorée ? En plus des plaques solaires qui ne constituent qu’une partie de l’investissement, le changement régulier des batteries ne constitue t’il pas un frein au solaire ?
LH : Le matériel solaire électrique, s'il est bien proportionné et bien posé, ne doit pas poser de problème. Je ne connais pas le cas de ce village dans le Niokolo Koba. Je pense qu’une installation bien montée peut avoir une durée de vie très longue. Les accumulateurs électriques (les batteries) sont les organes les plus vulnérables de l’installation. Si le montage a été fait par un professionnel en la matière (et non pas par un simple électricien bâtiment qui n’a pas toujours suffisamment la connaissance du solaire) l’installation durera de nombreuses années. Une installation mal proportionnée peut également très vite tomber en panne. Le geste et la connaissance du professionnel reste une garantie de longévité de l’installation. L’information donnée à l’utilisateur est également une source de longévité du système : l’utilisateur fait partie intégrante du système solaire.
aSaintLouis.com : Raisonnablement, un foyer sénégalais ou un campement de brousse doit prévoir de renouveler les batteries à quelle échéance ?
LH : La durée de vie d’une batterie est très variable. On parle d’ailleurs de cycles de charge décharge plutôt que d’années. La qualité de la batterie est à prendre en ligne de compte : la simple batterie de véhicule aura une durée de vie de moins d’une année si on l’utilise pour du solaire. Le pourcentage de décharge de la batterie est également très important : une batterie déchargée entre 10 et 20 % par cycle durera beaucoup plus longtemps que les mêmes batteries déchargées à 80 %. D’où l’importance que l’installation soit bien proportionnée. Une très bonne batterie solaire peut durer jusqu'à 20 ans mais elle coûte très cher. Elle est économique à l'usage mais l’investissement est lourd. Trop lourd pour la plupart des particuliers au Sénégal. On peut dire qu’une batterie moyenne va durer de 5 à 7 ans si elle est bien entretenue.
aSaintLouis.com : Par rapport à l’augmentation régulière du prix des abonnements, de la consommation et du raccordement au réseau de la Sénélec, l’énergie solaire constitue t’il une économie réelle sur le long terme ou cela reste t’il encore aujourd’hui un acte militant ? La facture moyenne de la famille sénégalaise urbaine avec un frigo, quelques lampes et une télé tourne autour de 180.000CFA par an soit près d’un million sur 5 ans. Le solaire peut-il proposer mieux ?
LH : Malheureusement non, le solaire reste cher face à la Sénélec. Les économies peuvent venir du solaire thermique qui peut lui être rentabilisé, pour une famille moyenne sénégalaise, dans l’année face à un chauffe eau électrique.
aSaintLouis.com : Les systèmes de chauffes-eau commencent à peine à rentrer dans les habitudes des Sénégalais. On voit se développer, comme en Asie, des systèmes de chauffes-eau en continu avec résistance. Ils sont très peu chers en termes d’investissement, mais consomment beaucoup de courant. Quel peut-être l’apport du solaire dans le réchauffement de l’eau ?
LH : Très important ! Si on supprimait les chauffes-eau électriques pour les remplacer par des chauffes-eau solaires, je ne dis pas que l’on réglerait le problème de la Sénélec mais on limiterait les dégâts considérablement. Les chauffes-eau électriques sont de gros consommateurs d’énergie.
aSaintLouis.com : Le prix des équipements solaires est-il appelé à baisser ces prochaines années ?
LH : Pour le solaire
thermique son prix arrive à un palier incompressible.
Il faudrait pouvoir fabriquer dix fois plus ou
bien être subventionné pour descendre
les prix de façon significative. Si les
prix continuaient à descendre la qualité
du matériel s’en ressentirait.
Pour le photovoltaïque, je pense que les
prix vont baisser considérablement dans
les dix ans à venir. Pour l’instant
à court terme les prix vont rester stables.
La production augmente et pourrait donc faire
baisser les prix mais la restructuration des unités
de fabrications et les lourds investissements
risquent de stabiliser les prix pendant quelques
temps.
aSaintLouis.com : Le solaire a-t-il vraiment un avenir ?
LH : Oui bien sur, le monde tourne trop mal en ce moment pour continuer longtemps comme aujourd’hui. Ne rien faire serait couper la branche où nos enfants sont assis. Le solaire ce n’est pas seulement des économies : c’est aussi la sauvegarde de la nature. Les états doivent prendre en considération le solaire et les autres énergies renouvelables. Certains états d’Afrique ont apporté leur aide au secteur privé et universitaire pour promouvoir les énergies renouvelables. Peut-être un jour trouverons-nous d’autres moyens écologiques pour fabriquer de l’énergie. Pour l’instant nous n’avons rien d’autre que les énergies solaires et renouvelables à notre disposition. Au Sénégal le solaire photovoltaïque est un produit cher mais à la portée de nombreuses bourses de foyers qui désirent avoir le confort face aux nombreux délestages et coupures .
aSaintLouis.com : Le marché va-t-il voir plus d’équipements à faible consommation ou d’équipements à faible tension compatibles avec le couple photovoltaïque + batterie ?
LH : Ceci est un point très important
pour moi et pour les véritables acteurs
des énergies douces. Quand je rencontre
un client, le premier message que lui fais passer
est basé sur les économies d’énergie
qu’il devra réaliser. Ma première
question est toujours « que pouvez vous
déjà faire pour économiser
de l’énergie ? ». La question
étonne parfois mais les personnes comprennent
très vite son utilité quand je commence
à annoncer les prix d’une installation
et du matériel. Au niveau international
les fabricants oeuvrent considérablement
sur le sujet des économies d’énergie,
pas uniquement d’ailleurs que pour le solaire.
Les classes dans l’électroménager
A+ et A++ font de ces appareils des produits adaptés
au solaire. Chose étonnante d’ailleurs,
ces produits ne sont pas beaucoup plus onéreux
que les produits de classe inférieure.
Photo à gauche : installation de chauffes-eau
solaire dans un dispensaire par Prosoleil
Au Sénégal, pays de la récupération
et de la débrouille, les appareils recyclés
plusieurs fois ne sont ni écologiques ni
économiques au point de vue énergétique.
Plus un appareil a été réparé
et plus, bien souvent, il devient un gouffre énergétique.
Malheureusement de nombreux foyers ne peuvent
pas faire autrement faute de moyens. Les produits
asiatiques, bien souvent hors normes écologiques
et énergétiques, ne favorisent pas
non plus les économies d'énergies.
Pour la fin de la question sur les tensions d’utilisation
il faut savoir qu’il n’est souvent
pas souhaitable de faire travailler les appareils
en basse tension car les chutes de tension augmentent
considérablement avec la longueur des câbles
électriques. « C’est la faute
à U = R x I » . C’est pour
cette raison que le transport d’énergie
dans le monde entier se fait avec des voltages
de plus en plus élevés, ce que l’on
appelle la haute tension. Concrètement
il faudrait, si on utilisait du 12 V, des sections
de câbles beaucoup plus importantes.
aSaintLouis.com : ProSoleil est installée au Sénégal depuis quand ?
LH : Prosoleil est une entreprise récente : nous sommes installés au Sénégal depuis 3 ans et nous sommes encore dans une phase de développement. Nous sommes les seuls fabricants de chauffes-eau solaires au Sénégal et en l’Afrique de l’ouest.
Je suis actionnaire unique de mon entreprise, ce qui n’est pas toujours facile, car une entreprise comme la mienne demande beaucoup de présence pour fonctionner correctement. D’ailleurs je tiens à profiter de cette interview pour signaler que je suis à la recherche d’un associé.
aSaintLouis.com : Quels sont les principaux types de clients de ProSoleil ? Entreprises, particuliers ?
LH : Particuliers, hôtels, campements...
aSaintLouis.com : Leurs motivations principales sont-elles d’ordre financier (économie d’énergie), écologique ou tout simplement sont-ce des clients perdus dans la brousse et qui n’ont d’autre choix que le solaire ?
LH : Les motivations sont en premier lieu d’ordre économique. Vient très vite ensuite une motivation écologique, particulièrement pour les Européens qui s’installent au Sénégal ou bien les hôtels travaillant beaucoup pour ceux-ci. Les hôtels qui installent de l’énergie solaire le font aussi pour l’impact commercial sur la clientèle qui apprécie cet effort. La clientèle est autant en brousse qu'en ville vu les nombreuses coupures de courant.
aSaintLouis.com : Quelle sont les prestations proposées par ProSoleil ?
LH : Nous fabriquons, positionnons et installons des chauffes-eau solaires de type monoblocs. Ces chauffes-eau sont particulièrement bien adaptés aux pays chauds contrairement au matériel venant d’Europe ou même d’Asie.
Le chauffe-eau solaire Prosoleil est le moins cher sur le marché au Sénégal.
Notre argumentaire de vente pour les chauffes-eau solaires Prosoleil est le suivant :
- Utilisations possibles : douches ; bains ;
cuisine, machine à laver le linge.
- Il ne nécessite que peu d’entretien
: un lavage de la vitre une fois par semaine.
- Un réchauffage de l’eau très
rapide, fonctionne même par temps légèrement
nuageux.
- L’unité de fabrication, qui se
trouve au Sénégal, est gérée
par un technicien européen.
- Le chauffe-eau solaire Prosoleil est entièrement
démontable et nous assurons le service
après vente.
- Son coffre est étanche, il ne craint
pas la corrosion même très près
de la mer.
- Il est facilement transportable en cas de déménagement.
- Son installation est rapide et peut être
effectuée par un plombier.
- Il est garanti 3 ans par le constructeur.
- Nous faisons des études d’économie
d’énergie pour les hôtels ;
les petites entreprises et les particuliers.
- Nous faisons des études d’installation
solaire et nous installons du photovoltaïque.
aSaintLouis.com : D’autres opérateurs de solaire exercent-il une activité au Sénégal ?
LH : Il existe pas mal
de petits installateurs pour le photovoltaïque.
Quelques grossistes. Aucun fabricant de chauffes-eau
solaires mais un certain nombre de revendeurs
de matériel européen.
aSaintLouis.com : La Sénélec
est-elle engagée elle-aussi dans différentes
recherches d’énergie renouvelable
?
LH : A ma connaissance non, il faudrait leur poser la question.
aSaintLouis.com : Les Sénégalais sont-ils sensibilisés au réchauffement climatique ?
LH : Pas du tout, c'est ce qui me désole. J’ai même beaucoup de mal a inculquer ces idées à mes ouvriers. C’est un travail qui demande du temps, de la persévérance et également des efforts de la part des politiques et des médias. En ont-ils envie ?
aSaintLouis.com
: Un mot pour finir ?
LH : Il aura fallu plusieurs décennies
aux pays occidentaux pour prendre conscience de
l’importance de la protection de notre environnement.
Les pays pauvres ou en voie de développement
n’ont pas toujours les moyens financiers
ou la conscience écologique d’investir
dans le secteur des énergies durables.
Pourtant c’est bien souvent eux qui pourraient
en tirer le plus d’avantages économiques.
Au Sénégal l’investissement
sur le long terme n’est pas dans les habitudes.
On le voit bien par rapport à la Sénélec
qui n’a pas su prendre le bon virage qui
lui aurait permis d’assurer au pays de réelles
économies et d'assumer pleinement son rôle
de fournisseur d’énergie.
Dans le secteur privé, l’investissement
sur le moyen terme fait peur. Les entreprises
privées au Sénégal sont conscientes
de la nécessité d’investir
dans les énergies durables mais les investissements
sont systématiquement reportés au
lendemain quand revient le courant...
De toute façon, même
si une politique énergétique sérieuse
était mise en place rapidement, il faudrait
attendre au moins 4 ans pour en voir les bienfaits
sur la vie de tous les jours.
Ceci est vrai pour le solaire photovoltaïque
car le retour sur investissement est assez long,
ce qui est totalement différent du solaire
thermique qui lui peut avoir un retour sur investissement
dès la première année pour
une famille sénégalaise moyenne.
Le problème est la méconnaissance
et le manque de promotion de ce type d’appareil.
Il faut aussi que les installateurs
soient performants et bien formés afin
de proposer des solutions adaptées à
la future clientèle. Il m’arrive,
encore trop souvent, de proposer du solaire thermique
ou photovoltaïque à des clients potentiels
et de m’entendre dire « cela ne
m’intéresse pas : il y a trop de
problèmes avec le solaire ça ne
marche pas bien ».
Les mauvais installateurs, pas trop scrupuleux,
ont fait beaucoup de mal au marché du solaire.
Il faudrait également que l’état
fasse un effort de façon à moins
taxer le matériel solaire et les produits
rentrant dans sa fabrication. Je reste néanmoins
confiant dans l’avenir du solaire au Sénégal,
je pense également que la conscience écologique
des citoyens va se développer.
Interview réalisée le 20 mai 2007 à Saint-Louis.
Données complèmentaires : le Sénégal totalise en moyenne 3000 heures d'ensoleillement par an soit un peu plus qu'à Marseille (2700 heures) et beaucoup plus que le reste de la France (2000 heures pour Toulouse, 1700 heures par an à Paris). Société
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